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Ramsar : le comité de suivi est installé !

C’est officiel depuis ce 5 février. Le Parc naturel régional Scarpe-Escaut portera la candidature des vallées de la Scarpe et de l’Escaut au label RAMSAR. Une reconnaissance internationale de la richesse des 13.000 hectares de zones humides que compte le Parc naturel régional (soit plus d’un quart du périmètre classé Parc) !

L’Etat, la Région, l’Agence de l’Eau, la Chambre d’agriculture, les communes, les intercommunalités, les usagers et bien sûr le Parc naturel régional : ils étaient nombreux ce 5 février à participer à l’installation du comité de suivi de la candidature du territoire à la labellisation RAMSAR. Et nombreux à exprimer leur soutien. A commencer par Alain Bocquet, président de la Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut et maire de Saint-Amand-Les-Eaux qui, dans son mot d’accueil, souligne  que sa « commune –la seule à comporter le mot eau dans son nom- est particulièrement concernée par les zones humides ».

A quoi sert le label RAMSAR ?

« Le label est une reconnaissance internationale du patrimoine naturel d’une zone humide  et des actions déjà mises en œuvre par les acteurs du territoire pour en garantir la préservation, explique Julien Bosse de la Direction régionale de l’environnement, de l’Aménagement et du logement. Il n’engendre pas d’effet juridique sur les tiers ». En effet, « La désignation d’un site au titre de la convention Ramsar n’a pas vocation à interdire, mais à inciter à la bonne gestion des zones humides, ajoute Jérôme Bignon, sénateur et président de l’association RAMSAR France. Son objectif est, de favoriser les échanges entre les acteurs du territoire, non pas de façon autoritaire, mais dans la concertation. Au sein de ces échanges, l’État a un rôle incitateur des projets initiés dans le cadre d’une volonté locale. En tant qu’élu, j’ai conscience de la difficulté engendrée par la divergence des intérêts auxquels ont peut-être confrontés : politique, économique, social… Toutefois, cela ne dispense pas de la question centrale de l’avenir de l’humanité ». Et de rappeler le rôle essentiel des zones humides pour purifier l’eau « l’homme ne peut pas vivre longtemps sans eau », pour la faune et la flore et pour le climat.

Des zones de stockage du carbone

Une approche que ne saurait démentir Luc Barbier, correspondant du site Marais audomarois labellisé en 2008, qui souligne l’enjeu majeur des tourbières : «  Le Nord de la France (Hauts-de-France et Normandie) joue un rôle important pour la préservation des tourbières. Ces milieux ne représentent que 3 % des terres émergées dans le monde, mais assurent 30 % du stockage du carbone. La baisse des niveaux d’eau assècherait les tourbières et engendrerait une libération du carbone stocké. Cependant, leur remise en eau doit tout autant être maîtrisée car elle peut, dans certains cas,  libérer du méthane dans l’atmosphère ». D’où l’intérêt d’un contrat de gestion appelé contrat de marais.

Déjà trois sites labellisés dans le bassin Artois Picardie

« L’Agence de l’Eau Artois-Picardie a de la chance, explique Stéphane Jourdan, le responsable du service Milieux naturels et aquatiques. Car nous avons déjà trois sites labellisés sur le bassin (Baie de Somme, Marais Audomarois et Vallées tourbeuses de la Somme et de l’Avre). Nous apportons un soutien technique et financier à la candidature dans le cadre du 3e Plan national d’action en faveur des milieux humides. C’est d’ailleurs ici, en Scarpe-Escaut, que le 1er programme de l’Agence en faveur du maintien de l’agriculture en zones humides a été engagé. Un Parc naturel régional ne pourrait mener seul la candidature. Ici, il y a déjà des synergies avec les partenaires, notamment avec les Communautés d’agglomération ou dans le cadre de la réflexion menée sur la valorisation de la Vallée de la Scarpe. Ce projet rejoint également la nouvelle compétence des collectivités en termes de gestion des milieux aquatiques (GEMAPI), pour laquelle il y a déjà plusieurs engagements de préservation des zones humides. La désignation apportera une reconnaissance des projets et des actions déjà menés». 

La plus vaste zone humide intérieure de la région

« Cette démarche illustre la conciliation des enjeux humains et environnementaux de ce site exceptionnel par sa valeur, par son étendu, mais également au regard des actions de préservation qui y sont mises en œuvre via le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux, les sites Natura 2000 ou encore la charte du Parc naturel régional, ajoute Eric Fisse, directeur de la Direction départementale du territoire et de la mer.  Et rappelons le, le PNR Scarpe Escaut, qui est le premier Parc naturel régional français, est le plus peuplé de France dans un périmètre comprenant la plus vaste zone humide intérieure de la région ! »

 

2018 : l’année Ramsar

« La Région soutient la candidature et je souhaite que 2018 soit l’année de Ramsar en Scarpe-Escaut, annonce Jean-Marc Dujardin, conseiller régional. Fils d’agriculteur, je défends la mise en place d’une indemnité compensatoire pour les agriculteurs en zones humides et le label Ramsar serait un moyen de l’obtenir. Ce serait également un levier pour d’autres projets et non une fin en soi. Cela nous permettrait de développer des projets touristiques, agricoles, et économiques. ». « Le moyen de fédérer des projets sectoriels existants et de porter une ambition collective pour ce territoire, conclue Grégory Lelong, élu président de ce comité en tant que président du Parc naturel régional. Mathilde Bouret et Gérald Duhayon ont été désignés correspondants du site.

 Pour toute information : m.bouret@pnr-scarpe-escaut.fr 

 

3 questions à Luc Barbier, correspondant du site Ramsar « Marais Audomarois »

Dans quel contexte le Marais audomarois a-t-il été labellisé ?

Compte-tenu des enjeux liés à la préservation du marais et de la volonté du Parc naturel régional des Caps et marais d’Opale de mettre en place une animation au plus proche du territoire, un groupe de travail a été initié par le Parc naturel régional et la Communauté d’Agglomération de Saint-Omer dès 2002 permettant la création d’un premier document de planification : le livre blanc. Une nouvelle programmation a ensuite été lancée avec un document d’objectifs couvrant la période 2008-2013 où nous proposions de solliciter à la fois la désignation Ramsar (obtenue dès 2008) et la désignation au titre des « Réserves de Biosphère » de l’UNESCO (obtenue en 2013). À l’époque, la procédure de désignation Ramsar n’était pas cadrée par une circulaire. Il était également plus difficile de bénéficier du retour d’expérience régionale car seule la Baie de Somme était labellisée depuis 1997.

Que se passe-t-il depuis la labellisation ?

La désignation de notre site a permis d’assoir la notoriété du marais au niveau régional et national, mais aussi de solliciter des fonds pour l’animation territoriale et pour la mise en œuvre d’actions de valorisation et de préservation de la zone humide. Le contrat de marais, calé sur le calendrier de la Charte du Parc naturel régional (2014-2025), a été élaboré. Il s’agit d’un document unique faisant office de document de gestion pour le site Ramsar, la Réserve de Biosphère et la charte du Parc. 44 mesures y sont définies pour améliorer la connaissance et la surveillance, préserver les milieux, soutenir et valoriser les usages, sensibiliser et informer le public et conforter la gouvernance locale. Les mesures comprennent des dispositifs pour intéresser et associer l’ensemble des acteurs du territoire. Pour le suivi et la mise en œuvre du contrat de marais, le territoire bénéficie de la Maison du Marais (ouverte en juillet 2014) qui regroupe les bureaux du Parc naturel régional, la maison du site Ramsar ainsi que le siège de la Réserve de Biosphère. L’équipe projet est aujourd’hui composée de 3 agents du Parc naturel régional des Caps et marais d’Opale et 8 agents de la Communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer. Il est important d’avoir une « vitrine » pour le site Ramsar (maison Ramsar), d’avoir un bon programme et un bon ambassadeur (chez nous Jean-Pierre Coffe).

Quels sont les projets 2018 ?

Nous préparons une exposition sur les effets du changement climatique, le balisage des rivières du Marais, la réalisation d’un retour d’expérience 5 ans après la désignation Réserve de Biosphère, la gestion de la ferme du Zuidbrouck propriété du Conservatoire du Littoral, la mise en œuvre du programme de maintien de l’agriculture en zones humides, la mise en œuvre du programme INTERREG Biocultural Heritage & Tourism (2018-2021) et la poursuite du suivi à long terme du Marais.

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