Où se cache le Martin-pêcheur ?
Le Martin-pêcheur a-t-il besoin de conditions particulières pour nicher chez nous ? Durant un peu plus de trois mois, une naturaliste stagiaire au Parc a observé cet oiseau sur les sites du Parc naturel régional inscrits au réseau Natura 2000 afin de caractériser son habitat.
48 transects, ici des lignes de 100 mètres le long de cours d’eau, de mares ou d’étangs, ont été aléatoirement sélectionnés sur tout le territoire pour être étudiés au cours de sept passages. « Sur place, je calcule la hauteur de berges et la largeur des étendues d’eau, explique Manon Galle. Munie de ce que j’appelle ma « canne à pêche lestée », je mesure les niveaux d’eau. » C’est le premier round complété par l’observation de la végétation et la recherche, sur les berges abruptes, de cavités potentiellement occupées pour la nidification. « Pour mes observations, j’utilise également les pièges photos et un enregistreur audio qui me permet de remarquer son chant particulier, un "siii" appuyé et incisif ».
Quel bilan ? « J’ai pu observer, c’est-à-dire voir ou entendre, 20 martins-pêcheurs répartis sur un quart des transects étudiés. D’après les données collectées, il semblerait que leur présence soit liée à la permanence d’eau tout au long de l’année ». Le changement climatique n’est donc pas sans effet, les sécheresses annuelles cumulées menacent l’espèce. Déçue ? « C’est vrai que j’aurais aimé en voir davantage. Le Martin-pêcheur est un oiseau qui se fait discret malgré son plumage bleu et orange. Quand on fait un suivi, on se contraint à ne pas déranger l’espèce, à ne pas faire de bruit, à ne pas bouger. Et j’ai eu la chance, tout en restant immobile, figée même de surprise, de voir juste devant moi, un de ces oiseaux plonger, d’un vol oblique et très rapide, pour saisir un petit poisson. Une image que je ne suis pas près d’oublier ! »